Un orgue, comment ça marche ?

Franz Liszt disait de lui qu'il est le roi des instruments. Il est vrai que sa taille, la somptuosité de son buffet, la richesse et la diversité des sonorités produites par ses "jeux", sa puissance sonore, lui confèrent une place à part dans le concert instrumental.
Appartenant à la famille des instruments à vent, il est doté d'une multitude de tuyaux qui ne produisent chacun qu'une seule note. Ces tuyaux sont de deux types selon le mode de production sonore.
Les tuyaux à bouche, qui constituent ce que les organistes appellent jeux de fond, fonctionnent comme une flûte à bec. De sonorités variées selon leur taille (rapport entre la hauteur du corps sonore et son diamètre), ils confèrent à l'orgue sa richesse et sa profondeur, mais aussi sa clarté et sa chatoyance pour les jeux aigus.
Dans les tuyaux à anche, le système de génération du son est constitué d'une languette de laiton qui vibre contre une rigole de laiton lorsque l'air comprimé est introduit. De sonorités également variées selon leur taille et la forme de leur résonateur (conique, cylindrique, cylindro-conique, etc.), les anches fournissent à l'orgue les couleurs franches de jeux solistes (Cromorne, Clarinette, Hautbois, Voix humaine) et la puissance incomparable des grands chœurs d'anches (Bombarde, Trompette, Clairon).
Pour tous les tuyaux, la longueur détermine la hauteur de la note. Plus le tuyau est long, plus la note est grave.

Seule une petite partie de la tuyauterie d'un orgue est visible. Les tuyaux de façade représentent en effet le plus souvent moins de 2% du total. Ils ont une double fonction puisqu'ils tiennent une place importante dans l'esthétique générale du buffet. Comme on les montre (d'où le nom du principal jeu labial en France), on soigne particulièrement leur fabrication et leur polissage. Les jeux constitués des autres tuyaux portent le plus souvent le nom des instruments qui ont inspiré leur sonorité et sont disposés dans les différentes parties intérieures du buffet.

Chaque instrument est unique par sa composition ; chaque époque, chaque pays a son style d'orgue. Les jeux présents dans l'orgue et leur répartition sur les différents claviers déterminent son style et donc le répertoire qu'il est possible d'interpréter sur l'instrument.

Un orgue comporte un ou plusieurs claviers et le plus souvent un pédalier. Ils commandent chacun un plan sonore distinctement positionné dans l'orgue. Dans l'orgue de Gisors on trouve trois claviers et un pédalier. Le premier correspond au Positif qui est le petit buffet au premier plan qui avance vers la nef. Le second correspond au Grand-Orgue qui est situé à l'intérieur du grand buffet. En général cette partie de l'instrument est la plus riche en jeux divers et la plus puissante hormis la pédale. Le troisième clavier est le Pectoral situé en dessous du grand orgue et juste au dessus de l'organiste. Il possède des jeux doux et des jeux de solo. Quant à la pédale, qui comporte les jeux les plus graves, elle est généralement située dans les tourelles latérales en raison de la grande taille des tuyaux qui la compose (la note la plus grave de cet orgue est produite par un tuyau de 16 pieds c'est à dire de près de 5,30 m de haut).

Quand l'organiste enfonce une touche des claviers ou une marche de la pédale, dans le plan sonore concerné, une soupape s'abaisse et l'air sous pression s'engouffre dans un compartiment alimentant pour la même hauteur de note, toutes les familles de tuyaux présentes sur ce plan sonore. Ne parleront alors que les jeux que l'organiste aura sélectionnés à l'avance.

L'organiste doit donc choisir les jeux qu'il souhaite utiliser pour jouer une oeuvre en tirant sur des registres situés de part et d'autre des claviers. Disposer de plusieurs claviers lui permet d'utiliser sans difficulté plusieurs mélanges de sonorités au cours de l'exécution sans avoir à éloigner ses mains des claviers pour tirer d'autres registres. Cela permet également d'instaurer un dialogue entre les différents plans sonores de l'instrument. Pour jouer plus fort, il suffit d'ajouter des jeux ou d'accoupler les claviers entre eux au moyen de pédales de combinaison afin d'additionner les plans sonores. Les claviers accouplés reproduisent alors, seuls, l'enfoncement des touches jouées sur un autre clavier et ajoutent ainsi leurs jeux à ceux de l'autre clavier. L'organiste doit donc "jongler" entre toute ces possibilités pour devenir le chef d'orchestre et l'orchestre qu'il est à lui seul, pour le bonheur de nos oreilles.

Pour en savoir plus sur le fonctionnement de l’orgue et son histoire, on pourra consulter les ouvrages suivants :

• DUFOURCQ, Norbert, L'orgue, Que sais-je n° 276, Paris : PUF, 1948, 130 p.
• ROCHAS, Pierre, COLIN, Michel, Le petit dictionnaire de l'orgue illustré, coll. Passerelles, Arles : Harmonia Mundi, 1997, 49 p. + 2 CD.
• CELLIER, Alexandre, Bachelin, Henri, L'ORGUE : ses éléments - son histoire - son esthétique, Marseille : Laffitte Reprints, 1980, 254 p. reprod. de l'éd. de Paris : librairie Delagrave, 1933.
• SONNAILLON, Bernard, L’ORGUE : instruments et musiciens, Paris : Office du Livre, Éditions Vilo, 1984, 258 p.
• THOMANN, Marcel, Le Monde Mystérieux de l’Orgue, Strasbourg : Éditions du Signe, 1998, 96 p.
• TEULON, Bernard, de l’orgue, Aix-en-Provence : Éditions Édisud, 1981, 196 p.
• SUMNER, William Leslie, The Organ: its evolution, principles of construction and use, London: Macdonald & Co., 1962, 544 p., 3rd edition of the original published in 1952.
• BARNES, William Harrison, The Contemporary American Organ: its evolution, design and construction, Glen Rock, New Jersey: J. Fischer & Bro., 1964, 389 p., 8th edition of the original published in 1930.

Les passionnés se plongeront avec délice dans le catalogue de Talbott Library dont Organ Historical Society (http://www.organsociety.org/) assure la mise en ligne et qui est certainement la base de données la plus complète actuellement disponible sur le sujet (40 000 entrées).

 

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